Jme désaoul chez aiden avec Aiko! (PV : AIKO et AIDEN)

Aiden regardait la vie défiler sous sa fenêtre. Le vent froid lui était égal, puisque de toutes façons il faisait quand même un peu plus chaud qu'en Autriche. Il voyait les êtres se diriger vers des magasins, d'autres qui riaient entre eux, il voyait aussi les couples, et son coeur se serrait à cette pensée lorsqu'il posait son regard améthyste sur eux. Il soupira, refermant la fenêtre un peu plus violemment qu'il ne l'aurait voulu.

Il s’installa dans sa chambre, avant de prendre son violon. La mélodie vint toute seule, puisqu’il l’avait passé en boucle dans son appartement. La musique s’éleva dans l’air, et Aiden sourit. La musique l’aidait à tout oublier. Même le visage de la demoiselle qu’il avait blessée sans le vouloir vraiment. Il en avait conclu cela, du fait qu’elle ne venait plus à ses cours. Il n’avait rien indiqué à la vie scolaire, parce que quelque part, il sentait que c’était sa faute.

La sonnerie indiquant qu’on venait le voir retentit, le sortant ainsi de ses pensées. Il déposa son violon sur le lit, pensant qu’il n’en aurait pas pour longtemps avant de renvoyer la personne qui venait ici. Bien sûr, si c’était sa vieille voisine, il lui offrirait quelque chose à boire, discuterait avec elle ... Mais si c’était quelqu’un d’autre, ce ne sera pas plus de dix minutes. Sauf si c’était ... Non, ce ne pouvait pas être elle. Qui voudrait revoir quelqu’un qui nous fait du mal ?

Le professeur ouvrit la porte, et vit entrer à l’intérieur deux jeunes filles, dont une qu’il ne connaissait pas ; mais il reconnut l’autre, même si il y avait quelque chose d’étrange sur elle. Nayra. Mais ... elle était complètement saoûle ! Aiden avait écarquillé les yeux, choqué. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de boire autant ? Était-ce ... de sa faute ?

- Nayra ...

Il jeta un oeil à l’autre demoiselle, qui semblait l’ignorer superbement. Et alors même qu’il était dans son appartement, sur son territoire, il ne savait pas comment agir, ne savait plus ce qu’il devait faire. Il n’osait pas les renvoyer. Quelque chose l’en empêchait. Il secoua la tête, refermant la porte. Dans quel pétrin s’était-il fourré, le soir où il avait embrassé la demoiselle aux cheveux bleus ?

Nayra tomba sur lui, ou du moins prenait appui sur lui. Il la tenait, la sentait soudain faible. Le retour de l'alcool ? C'est ce qu'il constata lorsqu'il vit les yeux, étonnamment brillants de la jeune femme. Elle lui offrit un sourire, puis tomba dans ses bras. Un peu surpris, il tenta de la relever mais elle était visiblement inconsciente. Il la secoua un peu, mais lâcha un léger cri d'affolement.

- Nayra !

Aiden se rendit alors compte que l'autre fille était toujours là. Elle se précipita sur Nayra, posant sa main sur le front de la demoiselle aux cheveux bleus. Elle lui demanda alors d'amener l'élève dans la chambre, et où se trouvait la salle de bain. Il lui indiqua qu'elle se trouvait au fond à droite, et elle s'y rendit. Lui, se débrouilla pour emmener l'inconsciente jusqu'au lit. Il la regarda, tandis qu'il la déposait délicatement. Elle lui semblait si fragile. Lui qui, durant toute une soirée, l'avait vu comme une femme forte, voilà qu'à cet instant, il la comparait à de la porcelaine ...

Il retourna dans le salon, s'adossant au mur. Il avait hésité, un instant, à poser ses lèvres sur celles de Nayra, mais avait finalement décidé que non, qu'il ne pouvait décemment pas faire ça. Il posa sa tête dans la main qu'il avait mené à son front, en pleine réflexion. Les pas de l'autre jeune femme le tira un instant de ses pensées, et il lui indiqua la chambre de la main.

Pendant que les deux filles étaient ensemble, lui tenta d'arrêter de penser. Pour cela, il décida de faire le ménage dans son appartement. Mais c'était déjà fait. Faire un tour ? Non, si jamais Nayra se réveillait, il fallait qu'il soit là. Aaaah, ça l'énervait ! Il finit par se recoller au mur, se laissant glisser tout le long. Il se prit à penser à Nayra et à jeter de fréquents coups d'oeil vers la porte. Celle-ci s'ouvrit alors, dévoilant l'amie de la demoiselle qu'il aimait. Aimait ? Était-ce cela, vraiment ? Elle lui annonça qu'elle n'allait pas tarder à se réveiller, qu'elle allait mieux. Cela soulagea un peu Aiden, qui était resté tendu jusque là. Elle partait, aussi.

- Je lui dirai ...

Il la regarda partir, puis, arrivée devant la porte, elle se tourna vers lui. Il se rendit compte qu'elle souriait, avant que leurs regards ne se connectent.

-On ne peut pas lutter contre l'amour.

Aiden ouvrit de grands yeux stupéfaits. Il rêvait, là ? Non, mais, sérieusement, il venait d'avoir une hallucination ? Elle venait de parler d'amour ? Il n'esquissa pas un seul geste lorsqu'elle quitta son appartement, trop étonné pour réagir. Il dû rester quelques minutes figé, à se répéter la phrase de cette adolescente. N'y tenant plus, il se dirigea vers la chambre. Ouvrit la porte, lentement, au cas où Nayra serait encore endormie.

Mais non, elle était assise, le visage enfoui dans ses mains.

- Nayra ? Tu vas ... bien ?

Il n'osait pas s'approcher. Il était encore devant la porte, à vrai dire, et son visage était baissé. Il n'osait pas la regarder. Tout lui revenait soudainement. Ce qu'il avait chuchoté à son oreille. Son inquiétude lorsqu'elle s'était évanouie dans ses bras. Ses fréquents regards, ses pensées si soudaines, lorsque l'autre fille était partie ... Ah, à propos.

- Hum, l'autre fille, qui était avec toi ... Elle est partie, et elle s'excuse ...

Il n'osait vraiment pas s'approcher, ni la regarder.

Aiden était entré dans la chambre, sans bruit, pour trouver une Nayra assise dans le lit, le visage dans les mains. Il lui demanda si elle allait bien, avant de l'informer que l'autre adolescente était partie. La demoiselle tenta de se lever en se tenant au mur, et le professeur eut, un instant, l'envie de s'approcher d'elle, pour éviter qu'elle ne tombe. Mais cette envie fut vite balayée par une encore plus grande de savoir. Elle finit par répondre qu'elle allait « comme après une bonne cuite ». Aiden connaissait bien ça ... Dans sa jeunesse, il n'avait pas toujours été très clean. Mais ce n'est pas le sujet.

Nayra s'arrêta un instant, fixant le mur devant elle. Elle demanda ensuite si elle avait dormi longtemps. Aiden jeta un regard à sa montre, ce qui lui évitait aussi de vouloir regarder la jeune fille.

- Oh non, une demi-heure à tout casser ...

Il restait debout devant l'entrée, le visage baissé, sans esquisser un seul geste. Sa voix même avait été un murmure. La voix de Nayra le « réveilla » et le sortit de sa demi-torpeur. Quelque chose de mal ... Il aurait voulu lui répondre que oui, qu'il ne fallait pas boire comme ça, qu'elle n'avait pas le droit de l'aimer, qu'ils ne pourraient jamais avoir une relation digne de ce nom et que se battre ainsi alors que rien n'était possible, tout ça, c'était quelque chose de mal. Mais quelque part, il aurait juste voulu la prendre dans ses bras, la réconforter, lui dire que tout était possible et qu'il fallait s'accrocher, qu'ils parviendraient à s'aimer ... Il réalisa.

Il l'aimait. Aiden aimait Nayra.

Il écarquilla les yeux, mais la jeune femme le sortit à nouveau de ses pensées, en arrivant en face de lui. Sa voix, sa douce et jolie voix, vint intercepter ses pensées pour lui demander quelque chose à boire. Il eut un bug, un court instant, un moment d'absence.

- Euh ... Oui, je ... vais te chercher ça.

Il sortit de la salle, sans regarder Nayra, avant de se diriger vers la cuisine et de verser de l'eau dans un verre. Puis il revint, lui donnant le verre. Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il la regarda à nouveau. Elle n'avait pas vraiment bonne mine, mais c'était peut-être un peu normal ...

- Tu devrais peut-être rester allongée, non ?

Et voilà qu'il s'inquiétait pour elle en plus. Il devait vraiment l'aimer, parce qu'en général, les gens pouvaient crever qu'ils n'en aurait rien eu à faire. Enfin peut-être pas à ce point, mais il les auraient laissés gambader comme ils voulaient, et les auraient chassés de chez lui dès qu'ils auraient réussi à se mettre debout. Aiden ne supportait pas vraiment la compagnie des autres. Il se forçait à faire semblant. Il y avait bien quelques personnes qu'il appréciait, tout de même, il n'était pas non plus misanthrope, mais ces personnes se comptait sur les doigts des deux mains.

- Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quoi que ce soit.

Aiden demanda à Nayra s'il ne fallait pas qu'elle reste allongée, mais elle secoua la tête négativement, avant de répondre qu'elle préférerait s'asseoir. Le professeur lui apporta une chaise, puis, après avoir hésité, lui révéla qu'il ne voulait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Il avait baissé la tête à nouveau, ne désirant pas que Nayra perçoive ses rougissements incessants. Elle lui demanda de ne pas s'inquièter, car elle était forte.

L'autrichien se retient de lâcher un rire bref, vu l'état dans lequel elle était quelques minutes plus tôt, mais il se contenta d'un léger sourire, car elle se rattrapa rapidement en rajoutant "Quand je ne bois pas." Aiden s'accroupit devant Nayra, de façon à voir son visage. Elle dit qu'il était rare qu'elle se mette dans cet état, et le professeur ne put s'empêcher de se dire "Bah encore heureux.". Mais lui-même, lorsqu'il avait l'âge de Nayra, avait l'habitude de se prendre cuite sur cuite avec ses amis. Il fallait dire aussi, que cette période s'était déroulée peu après la mort de son père. Il lui sourit, essayant de la rassurer. Mais elle lui sembla un peu plus déboussolée, lorsque finalement, elle se remit à parler. Il se releva.

- Quand tu es arrivée, tu as déboulé dans mon appartement avec ton amie aussitôt la porte ouverte. Puis, quelques secondes après, tu m'as embrassé. Et puis tu t'es évanouie.

C'était très synthétique, mais ça avait l'avantage d'être clair. Aiden se rapprocha de sa jeune élève, laissant entre leurs visages à peine quelques centimètres. Il sentait très clairement le souffle de Nayra venir effleurer ses lèvres.

- Et, pendant que tu comatais, j'ai réfléchi ...

Son coeur battait terriblement, et ses mains tremblaient un peu. Arrêtant de penser, juste une seconde, il colla ses lèvres à celles de Nayra, dans un geste profondément tendre. Profondément amoureux. Et un souvenir revint brutalement à la surface.
Vieux d'environ deux ans. La rentrée des classes. Il se souvenait d'elle. Elle lui avait tapé dans l'oeil. Il s'était même dit qu'il pourrait aller l'accoster. Mais elle avait l'air tellement éblouie par l'un de ses amis, qui avait quitté le pensionnat en devenant une super-star, qu'il y avait renoncé. Il se recula, un goût d'inachevé sur les lèvres. Il avait rompu le baiser trop soudainement en se remémorant cela.

- C'était toi, la fille amoureuse d'Aiji ? Hein c'était toi ? Je m'en souviens !

Il se souvenait aussi de lui avoir dit de ne pas la rappeler, de ne plus lui accorder d'importance, qu'elle n'était pas assez bien pour lui. Il se souvenait de tout cela ! Il avait voulu se l'approprier, mais la mort de son père avait chamboulé tout ses plans et il l'avait oublié ensuite. Il posa la main devant sa bouche, choqué. Ce n'était pas possible !

Aiden se sentait honteux, coupable. Le fait qu'il ai poussé Aiji à oublier Nayra lui revenait maintenant comme un acte vraiment idiot. Surtout qu'il aurait pu, peut-être, la séduire dès qu'elle aurait été acceptée dans leur groupe. Ce n'aurait pas été très correct, mais en amour il n'y a pas de règles. Elle sembla surprise, comment aurait-il pu en être autrement ? Elle souffla un léger « Oui » avant de baisser le regard. Il soupira légèrement. Il s'en souvenait …

Et elle sembla se souvenir elle aussi. Est-ce qu'il était ami avec lui ? Elle se souvenait l'avoir vu avec « sa bande ». Ah, la bande ce ces années … Aiji et Aiden avait toujours été les préférés, les deux leaders de cette bande. Et si Aiji appréciait particulièrement son statut de personne populaire, Aiden avait toujours préféré rester discret, dans l'ombre, ce qui était difficile avec Aiji qui le poussait toujours à l'avant.

Il revient au moment présent lorsque Nayra releva la tête, plantant ses yeux bleus dans les siens. Changer quoi que ce soit … Il eut un petit rire bref, avant de passer une main dans ses cheveux.

- C'est peut-être moi qui devrais dire ça … Enfin, tu sais, tout ça, c'est à cause de …

Il se tut, la regarda. Déglutit, ne sachant pas comment se préparer à ce qui pouvait suivre. Il baissa le regard, et annonça, d'une petite voix :

- À cause de de moi …

Il inspira un grand coup, le visage toujours baissé. Il ne voulait pas croiser son regard, ni voir son expression. Il voulait juste, entendre sa voix, savoir ce qu'elle en pensait. Elle serait peut-être choquée, énervée ? Ou bien, peut-être que cela n'avait réellement plus d'importance pour elle ? Avant qu'elle ne prenne la parole, il continua.

- J'étais jaloux de l'attention que tu lui portais et … C'est pas correct, je sais, mais j'ai pas su m'en empêcher … Puis j'ai déraillé quand mon père est mort et …

Il aurait pu continuer sur sa lancée, parler encore et encore, noyer le poisson. Il aurait pu, mais il ne le fit pas. Nayra venait de l'interrompre.

Aiden avait baissé la tête, honteux, continuant à parler pour cacher son malaise grandissant face à Nayra. Mais elle releva son visage, calmement, et posa un doigt sur ses lèvres, pour le faire taire. Des traces de larmes sillonnaient ses joues. Il l'avait fait pleurer, une fois de plus, sans doute. Puis elle plongea l'abysse de ses yeux bleus dans le violet de ceux du professeur de théâtre. Qu'ils étaient beaux, ces yeux, et si profonds … Il avait l'impression de pouvoir se noyer dans cet océan de merveilles. Et elle disait qu'il ne fallait pas s'inquiéter, qu'elle avait oublié. Elle parla d'Aiko et de lui. Ils étaient importants pour elle, et cela fit sourire Aiden, un peu naïvement il faut dire. Et surtout, Nayra ne lui en voulait pas.

Non. Et surtout, Nayra l'aimait.

Elle s'était approchée de lui, à nouveau, et avait pris sa main. Il l'avait serré un peu fort, lorsqu'elle s'était décidé à lui dire, puis l'avait desserré ensuite. Son cœur battait un peu vite, un peu trop pour qu'il ne pense tout de suite à lui répondre, trop préoccupé. Pouvait-elle vraiment effacer comme ça une page de sa vie, simplement pour lui ? Il avait été, quelque part, l'instigateur de son malheur, et il se sentait encore coupable. Aiden regarda la demoiselle, un air triste sur le visage.

- Je t'aime, moi aussi. Je te promets de ne plus te faire souffrir.

Puis il l'enlaça. C'était un câlin tout bête, tout simple, mais ils savaient tout les deux, probablement, la valeur qu'il avait. Car ce câlin, tout bête et tout simple, avait valeur de promesse. Il voulait dire « Je ne te ferais pas souffrir, car je ne t'abandonnerai pas. Je serais toujours là pour toi, quoi qu'il advienne ». Son regard fut attiré par l'horloge qui faisait de faire résonner le coucou.

- Nay, il est huit heures du soir ! A quelle heure tu es censée rentrer au pensionnat ?

Il voulait la garder auprès de lui. Mais elle était élève et avait des horaires à respecter … Tristesse.